En danse, « Le Sacre du Printemps » a largement gagné son statut d’œuvre mythique dès sa première représentation et le scandale retentissant qu’elle avait suscité. Plus d’un siècle plus tard, la partition de Stravinsky heurte encore certaines oreilles. Pourtant, on peut en mesurer tout l’aspect novateur de ses sonorités, dont les violons aux attaques sèches et acides. Un compositeur de musiques de films, tel que Bernard Herman s’en est inspiré à l’évidence.
Bien des chorégraphes n’ont pas hésité à gravir cette « montagne magique » défrichée par Nijinsky. Jean-Claude Galotta s’inscrit dans la liste. Sur le tard, pourrait-on dire, au vu de sa longue carrière. Mais, à le lire, ce « Sacre » le poursuit, depuis qu’il en a eu la révélation à son adolescence grâce à un professeur.
Deux courts avant-progammes, « Tumulte » et « Pour Igor », l’explicitent par un ballet silencieux introduit par un cri sauvage puis par la voix du chorégraphe, une ambiance sonore et le solo d’une danseuse. La musique de Stravinsky prend toute son ampleur, délivrant toute l’énergie des treize danseuses et danseurs évoluant sur un plateau nu.
De l’énergie pure, sensuelle, comme pour fêter le réveil d’une nature vénérée telle que dans les religions primitives. La gestuelle imaginée par Galotta épouse la pulsion de l’œuvre de Stravinsky, entraîne tant dans les mouvements d’ensemble que dans les duos vers une sorte d’ivresse générée par une force aussi impérieuse que vitale. On en sort lessivé et regonflé !
Le 25 mars 2015.
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