« Turangalîla-Symphonie », concert monumental!

La « Turangalîla-Symphonie » d’Olivier Messiaen compte parmi les œuvres majeures de la musique du XXe Siècle. Elle est certes connue des mélomanes, mais ses enregistrements ne sont pas si fréquents, pas plus que ses interprétations en direct. L’effectif qu’elle requiert l’explique principalement : quelques cent musiciens et tout un bataillon d’instruments de percussion. Le théâtre de Caen a offert ce privilège à son public, avec le concours de l’Orchestre national de France, conduit par Cristian Macelaru, et de deux solistes d’exception, Cynthia Millar et Cédric Tiberghien. 1 h 20 de musique totale. Époustouflant.

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Magdalena et les albums du père Cantor

Seconde épouse de Jean-Sébastien Bach, Anna Magdalena Wilcke vécut près de trente auprès de celui qu’elle appelait « la musique sur terre ». La musique justement ne cessa d’accompagner leur amour, à l’épreuve de morts d’enfants, de difficultés financières. Un spectacle intime imaginé par Agathe Mélinand évoque avec finesse le destin de cette femme exceptionnelle. Il se déroule comme on feuillette son Petit livre de musique que lui avait offert son Cantor de mari. Cette évocation par deux comédiennes, une claveciniste et un pianiste, a été chaleureusement accueillie dans les foyers du théâtre de Caen. Trois soirées à guichet fermé.

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« Othello », ou le mouchoir mouchard

« Othello », dont la première représentation date de 1604, dénote dans l’œuvre de William Shakespeare (1564-1616). Elle est rarement jouée au théâtre et son garde surtout en mémoire son adaptation cinématographique par le grand Orson Welles. Il y est moins question de bataille que de jeux d’influence. Le metteur en scène Jean-François Sivadier en tire les ficelles avec une délectation rusée. Une distribution en pleine forme y concourt. En tête, le toujours excellent Nicolas Bouchaud, manipulateur en chef dans le rôle de Iago, distillateur de poison verbal. C’est au théâtre de Caen jusqu’à ce samedi soir.

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Motets et Symphony anthems, l’entente cordiale

Sébastien Daucé n’a de cesse avec son ensemble Correspondances d’explorer le répertoire baroque par des sentiers inattendus. Son travail remarquable qui a donné « Le Concert Royal de la Nuit » en est l’exemple emblématique. Et plus récemment, l’étonnant « Combattimento ». Avec « Au service de Sa Majesté », il réunit un programme de pièces vocales anglaises influencées par la musique française. On connaît Purcell, mais beaucoup moins son professeur, Pelham Humphrey, météore surdouée, à la destinée d’une rock star…

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La proclamation de la République de Cromwell sonne le glas de la musique en Angleterre. Le puritanisme ambiant impose de faire taire les voix et les instruments. On connaît cela encore aujourd’hui sous des régimes obscurantistes. Sous Cromwell, cela ne durera qu’une décennie, pendant laquelle le roi Charles II est contraint à l’exil.

Notamment accueilli en France, chez son cousin Louis XIV, le roi anglais en retient le modèle de la Chapelle Royale. De retour à Londres, en 1660, le monarque  incite ses compositeurs à revoir leurs partitions. Succédant progressivement au style élisabéthain, un nouveau répertoire émerge. Il associe politique et religion.

Les grands motets de Pierre Robert ou de Henry du Mont, trouvent leurs symétries dans les « symphonies anthems » de Henry Cooke, inventeur du genre, de Pelham Humphrey ou de John Blow. Tous sont familiers de l’art musical français.

Humphrey présente le parcours le plus singulier. Adolescent prodige, mais doté, paraît-il, d’un caractère extravagant et capricieux, il est envoyé parfaire ses études à la cour de France. On est encore au Louvre _ la construction du château de Versailles vient de commencer _, le jeune musicien étudie auprès de Lully. De retour en Angleterre, il a comme élève Henry Purcell.

En dépit d’une mort prématurée, à l’âge de 27 ans, Humphrey marque durablement les générations à venir. Le programme retenu par Sébastien Daucé lui fait la part belle, en même temps qu’il s’inscrit dans une chronologie didactique. Deux motets de, respectivement Henry Du Mont et Pierre Robert, servent de référence.

Les œuvres qui suivent, signées de Pelham Humphrey, John Blow et, pour finir, Purcell témoignent de cette « entente cordiale » musicale entre motets, chantés en latin, et Symphony anthems, chantés en anglais. L’orchestre et le chœur de Correspondances font une interprétation saisissante de ces pages magnifiques.

La cohésion des voix fait preuve d’un bel esprit pupitres, accompagnés par un tout un florilège d’instruments à cordes. L’intervention d’un basson, de l’orgue et de deux hautbois inscrit un contrepoint pertinent. Du chœur sont issus quelques solistes. Ainsi de la ligne des basses, se distinguent, à tour de rôle, Tristan Hambleton, Adrien Fournaison, Thierry Cartier, ou encore, fidèle membre de Correspondances, Etienne Bazola.

Fidèle comme la mezzo-soprano Lucile Richardot, qui donne la réplique au jeune ténor Oscar Golden-Lee et, ouvre en deuxième partie de programme par une chanson de Pelham Humphrey. « Lord I have Sinned » fait partie d’un répertoire, lui aussi tiré de psaumes, mais destiné à une écoute en famille.

D’abord accompagné par les seuls théorbe et basse de violon, que rejoignent ensuite basse et dessus de viole, le chant de Lucile Richardot est somptueux de nuances et de clarté. Sans péché…

« My Heart is inditing » de Henry Purcell boucle ce programme. L’œuvre est introduite par un grand moment symphonique, avant que, lancé par la voix de Mathilde Ortscheidt, le chœur ne s’épanouisse pleinement. L’identité de Purcell est immédiatement perceptible.

Le compositeur n’a eu que peu de temps pour assimiler l’héritage d’Humphrey. Mais, il a trouvé son style. Et pour nous en convaincre, Sébastien Daucé choisit de bisser la fin de l’introduction symphonique et les premières pages du chant. De chœur français à chœur anglais, l’entente cordiale, on vous dit.

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Concert donné le samedi 7 janvier 2023, au théâtre de Caen.

 

 

 

« Les Fourberies de Scapin », les facéties de Porras

Quatre après « Les Fourberies de Scapin », version Denis Podalydès et les comédiens du Français, le Théâtre de Caen a accueilli l’interprétation d’Omar Porras et de sa compagnie helvète. D’une adaptation à l’autre, on mesure combien le génie de Molière inspire et prête à des variations recevables. Celle du metteur en scène colombien verse bien dans son style, offrant une démesure salutaire, colorée et musicale. Un bain de jouvence pour passer d’une année à l’autre.

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