Pendant deux semaines, la troupe du Nouveau Théâtre Populaire a investi la scène et les foyers du théâtre de Caen. Avec Molière et, plus surprenant, Balzac dans son répertoire, la compagnie a offert des heures de spectacle total. Le plus excitant étaient ces deux soirées à trois pièces chacune. Nombre de spectateurs ont goûté à ces immersions, à ces expériences au long cours, dont le théâtre sait avoir le secret. Cela procède d’un pari, relevé avec brio aussi bien par les membres du NTP que par le théâtre de Caen qui les accueillait.
L’esprit de troupe animé par un fonctionnement démocratique _ tant dans les décisions que dans la répartition des tâches _ caractérise le Nouveau Théâtre Populaire. La compagnie, fondée en 2009, tourne ainsi depuis son port d’attache, Fontaine-Guérin, petit village du Maine-et-Loire. Et quelque soit le temps, comme l’indique l’article 9 de son Manifeste.
Là, il n’y avait pas de pluie à craindre. C’est sous le plafond étoilé du théâtre de Caen que les dix-sept interprètes du NTP ont déployé leur art avec un formidable dynamisme. Passer du « Tartuffe » à « Psyché » en passant par « Dom Juan » ne manque pas d’audace, quand on mesure l’énergie et la concentration que requiert la scène théâtrale. Sans compter que la troupe occupe aussi les entractes !
Même exploit avec Honoré de Balzac, dont la monumentale « Comédie humaine » est restituée dans un condensé quasi explosif. L’affaire tient de l’exploit dans un triptyque, dont la gloire et la déchéance de Lucien de Rubempré forment le fil rouge.
D’une pièce à l’autre, il n’est pas aisé de repérer tel ou tel, sauf à avoir noté une silhouette, un timbre de voix, tant le jeu, les costumes, les grimages peuvent brouiller les pistes. D’ailleurs, l’intérêt porte surtout sur la qualité d’incarnation des personnages. Et il y en a, au fil du Molière et du Balzac, dont les peintures sociales font verser dans un théâtre engagé.
Bon, on ne va pas tout prendre. On aurait préféré, par exemple, un personnage de Dom Juan plus séducteur que « dragueur » ; que « Psyché » bascule moins dans une comédie musicale, version « Salsa du démon » ; ou encore que « Les Illusions Perdues », si elles font écho au monde d’aujourd’hui, conservent une qualité de langage.
A l’inverse on a pu apprécier la mise en scène du « Tartuffe » jonglant avec seulement deux portes et une table comme accessoires ; se laisser porter finalement par l’option opérette du premier volet de la trilogie Balzac ; adhérer totalement enfin au spectacle crépusculaire du troisième et dernier volet, celui de « Splendeurs et misères ».
Spectacles donnés du mercredi 23 au samedi 25 janvier et du mercredi 29 janvier au samedi 1er février 2025, au théâtre de Caen.
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