« Othello », ou le mouchoir mouchard

« Othello », dont la première représentation date de 1604, dénote dans l’œuvre de William Shakespeare (1564-1616). Elle est rarement jouée au théâtre et son garde surtout en mémoire son adaptation cinématographique par le grand Orson Welles. Il y est moins question de bataille que de jeux d’influence. Le metteur en scène Jean-François Sivadier en tire les ficelles avec une délectation rusée. Une distribution en pleine forme y concourt. En tête, le toujours excellent Nicolas Bouchaud, manipulateur en chef dans le rôle de Iago, distillateur de poison verbal. C’est au théâtre de Caen jusqu’à ce samedi soir.

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Motets et Symphony anthems, l’entente cordiale

Sébastien Daucé n’a de cesse avec son ensemble Correspondances d’explorer le répertoire baroque par des sentiers inattendus. Son travail remarquable qui a donné « Le Concert Royal de la Nuit » en est l’exemple emblématique. Et plus récemment, l’étonnant « Combattimento ». Avec « Au service de Sa Majesté », il réunit un programme de pièces vocales anglaises influencées par la musique française. On connaît Purcell, mais beaucoup moins son professeur, Pelham Humphrey, météore surdouée, à la destinée d’une rock star…

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La proclamation de la République de Cromwell sonne le glas de la musique en Angleterre. Le puritanisme ambiant impose de faire taire les voix et les instruments. On connaît cela encore aujourd’hui sous des régimes obscurantistes. Sous Cromwell, cela ne durera qu’une décennie, pendant laquelle le roi Charles II est contraint à l’exil.

Notamment accueilli en France, chez son cousin Louis XIV, le roi anglais en retient le modèle de la Chapelle Royale. De retour à Londres, en 1660, le monarque  incite ses compositeurs à revoir leurs partitions. Succédant progressivement au style élisabéthain, un nouveau répertoire émerge. Il associe politique et religion.

Les grands motets de Pierre Robert ou de Henry du Mont, trouvent leurs symétries dans les « symphonies anthems » de Henry Cooke, inventeur du genre, de Pelham Humphrey ou de John Blow. Tous sont familiers de l’art musical français.

Humphrey présente le parcours le plus singulier. Adolescent prodige, mais doté, paraît-il, d’un caractère extravagant et capricieux, il est envoyé parfaire ses études à la cour de France. On est encore au Louvre _ la construction du château de Versailles vient de commencer _, le jeune musicien étudie auprès de Lully. De retour en Angleterre, il a comme élève Henry Purcell.

En dépit d’une mort prématurée, à l’âge de 27 ans, Humphrey marque durablement les générations à venir. Le programme retenu par Sébastien Daucé lui fait la part belle, en même temps qu’il s’inscrit dans une chronologie didactique. Deux motets de, respectivement Henry Du Mont et Pierre Robert, servent de référence.

Les œuvres qui suivent, signées de Pelham Humphrey, John Blow et, pour finir, Purcell témoignent de cette « entente cordiale » musicale entre motets, chantés en latin, et Symphony anthems, chantés en anglais. L’orchestre et le chœur de Correspondances font une interprétation saisissante de ces pages magnifiques.

La cohésion des voix fait preuve d’un bel esprit pupitres, accompagnés par un tout un florilège d’instruments à cordes. L’intervention d’un basson, de l’orgue et de deux hautbois inscrit un contrepoint pertinent. Du chœur sont issus quelques solistes. Ainsi de la ligne des basses, se distinguent, à tour de rôle, Tristan Hambleton, Adrien Fournaison, Thierry Cartier, ou encore, fidèle membre de Correspondances, Etienne Bazola.

Fidèle comme la mezzo-soprano Lucile Richardot, qui donne la réplique au jeune ténor Oscar Golden-Lee et, ouvre en deuxième partie de programme par une chanson de Pelham Humphrey. « Lord I have Sinned » fait partie d’un répertoire, lui aussi tiré de psaumes, mais destiné à une écoute en famille.

D’abord accompagné par les seuls théorbe et basse de violon, que rejoignent ensuite basse et dessus de viole, le chant de Lucile Richardot est somptueux de nuances et de clarté. Sans péché…

« My Heart is inditing » de Henry Purcell boucle ce programme. L’œuvre est introduite par un grand moment symphonique, avant que, lancé par la voix de Mathilde Ortscheidt, le chœur ne s’épanouisse pleinement. L’identité de Purcell est immédiatement perceptible.

Le compositeur n’a eu que peu de temps pour assimiler l’héritage d’Humphrey. Mais, il a trouvé son style. Et pour nous en convaincre, Sébastien Daucé choisit de bisser la fin de l’introduction symphonique et les premières pages du chant. De chœur français à chœur anglais, l’entente cordiale, on vous dit.

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Concert donné le samedi 7 janvier 2023, au théâtre de Caen.

 

 

 

« Les Fourberies de Scapin », les facéties de Porras

Quatre après « Les Fourberies de Scapin », version Denis Podalydès et les comédiens du Français, le Théâtre de Caen a accueilli l’interprétation d’Omar Porras et de sa compagnie helvète. D’une adaptation à l’autre, on mesure combien le génie de Molière inspire et prête à des variations recevables. Celle du metteur en scène colombien verse bien dans son style, offrant une démesure salutaire, colorée et musicale. Un bain de jouvence pour passer d’une année à l’autre.

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Justin Taylor, le clavier bien tempéré

Evidemment, on ne pouvait prévoir que le récital de Justin Taylor coïnciderait avec la demi-finale du Mondial, France-Maroc ! On peut être mélomane et amateur de football. Difficile quand même de ne pas céder au plaisir d’entendre le jeune surdoué du clavecin dans un programme Rameau, ce soir-là dans les foyers du théâtre de Caen. Lui-même n’est pas insensible au ballon rond. Et de façon prémonitoire, il a inscrit dans ses bis une « Marseillaise » enjouée. Au même moment, à peu près, Randal Kolo Muani, à peine entré sur le terrain, marquait le deuxième but expédiant les Bleus en finale !…

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Un cornet qui ne laisse pas de glace!

À  un peu plus d’une semaine d’intervalle, le théâtre de Caen a fait résonner la musique vocale italienne, si riche d’inventivité et de séduction à la jointure des XVIe et XVIIe siècles. Il y a d’abord eu La Guilde des Mercenaires, conduite par le corniste et enfant du pays, Adrien Mabire, dans un programme intitulé « La Légende Noire », consacré au sulfureux Carlo Gesualdo. Puis, dans l’église Notre-Dame de la Gloriette, le Poème Harmonique de Vincent Dumestre, qui a interprété de magnifiques pages de Monterverdi à Allegri, regroupées sous le titre « Anamorfosi ».

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« Le Miroir de Jésus », la spiritualité de Caplet

André Caplet (1878-1925) fait partie de ces compositeurs représentatifs de l’essor de la musique française à la charnière du XIXe et du XXe siècle. Ce musicien doué, précocement reconnu par ses pairs, reste encore assez peu joué, y compris dans sa région natale _ il est originaire du Havre. L’Orchestre régional de Normandie comble cet oubli relatif avec le chef d’œuvre, quasi testamentaire, de Caplet, « Le Miroir de Jésus ». L’église Notre Dame de la Gloriette, à Caen, en a offert un cadre propre à une écoute instantanément captée.

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« Treemonisha », l’arbre de vie

 

Ouverture de saison réussie.  Le public du théâtre de Caen a réservé un accueil enthousiaste à la compagnie sud-africaine Isango et à son spectacle « Treemonisha », dont c’était la première avant une tournée. Avec cette œuvre, le compositeur Scott Joplin signait là le premier opéra par et pour des Afro-américains. L’Isango Ensemble et son metteur-en-scène, Mark Dornford-May en ont tiré une adaptation très percussive sans en affecter l’esprit positif.

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Un Dandin dindon, oui et non…

Du répertoire de Molière « Georges Dandin ou le mari confondu » est un titre connu. Mais personne, aujourd’hui, ne peut prétendre avoir vu cette pièce dans sa forme originelle de comédie-ballet avec la musique de Lully. C’est le défi fou relevé par Michel Fau, qui signe la mise en scène et tient le rôle-titre de cette farce grinçante. Elle est servie par une distribution de qualité tant dans le jeu des comédiennes et comédiens que dans l’interprétation musicale de l’Ensemble Marguerite Louise. Molière avait ouvert la saison 2021-2022 du théâtre de Caen avec « Le Bourgeois Gentilhomme » de Jérôme Deschamps. Il la clôture, ou presque, de belle façon dans un décor royal et versaillais, baroque à souhait, et des costumes à l’avenant signés Christian Lacroix.

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Franck et Les Siècles : Ave César

Après Camille Saint-Saens, dont 2021 marquait le centenaire de la disparition, un autre compositeur est mis à l’honneur cette année, César Franck, dont on célèbre le bicentenaire de la naissance (1822-1890). Cela mérite bien un salut. Du musicien franco-belge, on retient surtout son œuvre pour orgue et son quintette. C’est oublier de magnifiques pages orchestrales et concertantes. François-Xavier Roth et sa formation  Les Siècles entreprennent de les faire redécouvrir en compagnie du merveilleux pianiste Bertrand Chamayou. La Symphonie en ré reste la pièce la plus jouée de César Franck. Unique aussi dans sa production, elle complétait le programme de ce concert accueilli au théâtre de Caen.

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« Route 68 » et l’indicateur des partitions

Quinzième étape de l’intégrale des quatuors de Joseph Haydn, les Cambini-Paris poursuivent leur « Route 68 » dans les foyers du théâtre de Caen. Comme à l’habitude, l’audition de trois opus est agrémentée d’un thème. Cette fois, avec  pour titre « Du graveur au musicien », il s’agit des partitions. Entre l’intention du compositeur et la pression de l’éditeur, il peut y avoir des différences du manuscrit à la publication. C’est le rôle de la musicologie d’arriver à proposer un document qualifié « d’historiquement informé ». Julien Dubruque est responsable éditorial au Centre de musique baroque de Versailles. Il était l’invité de cette nouvelle session. Lire la suite « Route 68 » et l’indicateur des partitions