Soirée exceptionnelle au théâtre de Caen avec la venue de l’Orchestre de l’Opéra national d’Ukraine. La formation musicale répondait à l’invitation du Mémorial de Caen, dont le directeur, Kléber Ahroul, a voulu marquer ainsi un « soutien indéfectible au peuple ukrainien dans son combat pour la liberté ». Dirigé par Mykola Diadiura, l’orchestre a reçu dans une salle pleine un accueil aussi chaleureux que prolongé. Il saluait le courage de ces musiciens, pour qui le passage à Caen aura été une courte période de répit, au même moment où Volodymyr Zelensky, était reçu à l’Elysée. Il a même été envisagé que le président ukrainien fasse un détour à Caen, ce qui aurait entraîné un renforcement autre de sécurité. L’idée a été vite abandonnée.
Le Carnaval baroque : tréteaux et barriques
En ces temps de morosité que tente de conjurer une flamme olympique nomade, le spectacle de clôture (ou presque) la saison du théâtre de Caen, a vertu à stimuler les zygomatiques. « Le Carnaval baroque » imaginé par Vincent Dumestre et son Poème Harmonique associe musique, farce et acrobaties. La mise en scène haute en couleurs de Cécile Roussel donne le ton à un vent de folie truculent. Il entraîne dans une Sérénissime en fête, riche de ses compositeurs du XVIe-XVIIe siècles.
Quatuor Cambini, mouvement et mouvement
En un seul trimestre, le Quatuor Cambini a rempli son contrat de la saison 23-24. Comme un coup d’accélérateur dans le slalom d’un calendrier bien chargé, avant la dernière ligne droite au bout de cette Route 68. Dans un an, la formation emmenée par Julien Chauvin aura interprété l’intégrale quatuors de Josef Haydn (1732-1809), le créateur prolifique du genre. Les foyers du théâtre de Caen en sont le lieu d’accueil, où, à chaque rendez-vous, une personnalité est invitée. Cette fois, pour ce troisième concert, c’est Alban Richard, directeur du Centre chorégraphique national de Caen-Normandie, pour parler des relations entre musique et danse.
« Les Dissonances » tirent leur révérence
Des applaudissements à tout rompre, une ovation debout. Le public du théâtre de Caen a salué chaleureusement le magnifique concert donné par collectif « Les Dissonances » et son fondateur et animateur, le violoniste David Grimal. Cet accueil exprimait une reconnaissance teintée de regret, sachant que ce rendez-vous était le dernier. L’année 2024 marque les vingt ans d’une formation atypique, mais son modèle, mis à mal par les contraintes financières, oblige à baisser le rideau à la fin de l’année. L’orchestre ne reviendra pas à Caen, où il aura laissé de beaux et grands souvenirs. Avec les musiques de Béla Bartók et de Serge Prokofiev pour cette ultime rencontre.
Le Quatuor Cambini et l’art de la perruque
Le Quatuor Cambini-Paris voir poindre le bout de sa « Route 68 ». Depuis 2017, la formation conduite par Julien Chauvin s’est engagée dans un projet fou : interpréter l’intégrale des quatuors de Josef Haydn, inventeur et maître du genre. Les foyers du théâtre de Caen accueillent cette aventure de trois étapes par saison. Son originalité réside aussi dans la venue, à chaque concert, d’une personne spécialiste. Elle apporte, par ses connaissances ou son art, un éclairage sur l’époque du compositeur. Cette fois, il a été question de maquillages et de perruques.
« Nocturne », le chant lumineux de La Tempête
Il est des soirées rares et par l’originalité d’un programme et par la qualité d’une exécution. « Nocturne », le concert vocal donné par la compagnie La Tempête à Notre-Dame de la Gloriette, à Caen, appartient à celles-là. Simon-Pierre Bestion, fondateur et chef du chœur, a eu l’idée féconde d’alterner les « Vigiles nocturnes » de Sergueï Rachmaninov avec des chants liturgiques orthodoxes des premiers temps chrétiens. Cette association entraîne dans une plongée spirituelle saisissante. Elle est marquée par un déplacement quasi chorégraphique des choristes et un jeu de lumières simulant un temps, de la tombée de la nuit au lever du jour. Impressionnant.
Quatuor Cambini-Paris, des fils et des cordes
L’excellent Quatuor Cambini-Paris poursuit sa route 68, celle qui conduit à interpréter l’intégralité des quatuors de Josef Haydn (1732-1809). Les foyers du théâtre de Caen accueillent depuis 2017 la formation menée par Julien Chauvin, à raison de trois concerts par saison. On en arrive à la huitième et, au terme de ce rendez-vous de janvier, à cinquante-cinq quatuors au compteur. Plus que treize à interpréter. Comme à chaque fois, est invité un (ou une) spécialiste dans un domaine qui apporte un éclairage sur l’époque du compositeur. Là, il a été question de tissus avec François Vieillard, rare tisserand artisanal en France.
Messe de Minuit pour une histoire inouïe
On sait l’attachement de Sébastien Daucé à la musique de Marc-Antoine Charpentier 1643-1704). Le protégé de Mademoiselle de Guise et aussi des Jésuites a laissé un répertoire important d’œuvres sacrées. Sa « Messe de Minuit » atteint presque sur l’échelle de la notoriété son célèbre « Te Deum ». En cette période liturgique importante pour les chrétiens, elle offrait un programme judicieux, où s’intégraient d’autres pièces vocales et musicales. L’interprétation de l’Ensemble Correspondances était tout simplement magnifique. Le concert, au théâtre de Caen, a ménagé quelques belles surprises.
« Il Diluvio Universale », en avant arche…
Une heure trente de bonheur musical ! Avec sa Cappella Mediterranea et le Chœur de chambre de Namur, Leonardo García Alarcón a fait découvrir au public caennais une pépite de l’art baroque italien. « Il Diluvio Universale » est un oratorio de Michelangelo Falvetti (1642-1692). L’œuvre, saisissante à souhait, relate l’épisode biblique du déluge. La direction enthousiaste du chef argentin galvanise des interprètes formidables, tant dans l’orchestre que chez les chanteuses et chanteurs.
Kyle Eastwood, au nom du père
Une salle Marcel-Hélie pleine comme un œuf, Kyle Eastwood a offert, à Coutances, pour la dernière journée de Jazz sous les pommiers 2023, une prestation filiale enthousiasmante. Dans une formule originale associant son quintet et l’Orchestre régional de Normandie, le contrebassiste a fait voyager dans l’univers de Clint, son père. Le « Eastwood Symphonic » a rappelé toute la palette des talents du dernier géant d’Hollywood, acteur, compositeur, metteur-en scène.