Telemann-Brockes, une Passion commune

Période pascale oblige, le théâtre de Caen a accueilli le soir du Samedi Saint, un concert de musique sacrée, la « Passion selon Brockes » de George Philipp Telemann (1681-1767) Damien Guillon, fondateur-directeur de l’ensemble musical Le Banquet Céleste, a sorti d’un relatif oubli cette œuvre du contemporain de Jean-Sébastien Bach. Le chœur Mélisme(s), en résidence comme Le Banquet à l’Opéra de Rennes, était associé à cette production. Ce sont plus de deux heures de musique intense, expressive, qui ont été données à entendre. Le concert a été salué par des applaudissements chaleureux, relancés par cinq rappels.

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« Les Dissonances », magic Brahms!

« Aimez-vous Brahms… » Le titre d’un des célèbres romans de Françoise Sagan s’abstient du point d’interrogation. Et si tant est que la question ait pu se poser parmi les auditeurs du concert des « Dissonances », nul doute que la réponse est vite allée de soi. David Grimal et son ensemble ont offert une interprétation enthousiasmante de la Symphonie n°1 du compositeur allemand. Venue en « guest star » pour le double concerto opus 102, Anne Gastinel a ouvert cette soirée Johannes Brahms (1833-1897) au théâtre de Caen. Elle a rejoint ensuite le pupitre des violoncelles pour la symphonie. Au total, un grand bonheur partagé de part et d’autre de la scène.

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« Correspondances » en prépa Bach

En prélude à une tournée européenne, Sébastien Daucé et son ensemble « Correspondances » a présenté un programme consacré à deux compositeurs allemands, Dietrich Buxtehude (1637-1707) et Heinrich Schütz (1585-1672). Leurs cantates sur le thème de la Passion du Christ annoncent Bach. Leurs œuvres révèlent une force spirituelle soutenue par une expressivité musicale et la qualité des récitatifs. Construites autour du chiffre 7, synonyme d’achèvement dans la symbolique biblique, elles sont significatives du répertoire luthérien. Le cadre de Notre-Dame de la Gloriette, à Caen, convenait parfaitement à ce concert à l’exécution inspirée.

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« The Indian Queen », le théâtre et son « double »

 

« The Indian Queen » par Concert d’Astrée emmené par Emmanuelle Haïm, dans une mise en scène de Guy Cassiers, a fait sensation au théâtre de Caen. De longues minutes d’applaudissements ont salué cette production singulière et envoûtante. A la fois théâtre et opéra, l’œuvre de Purcell, restée inachevée, se trouve comblée, dans tous les sens du terme, par un choix d’extraits tirés des répertoires du compositeur et de son contemporain, Matthew Locke. Un usage éclairé de la vidéo et des interprètes remarquables tant dans la fosse que sur le plateau concourent à cette belle réussite.

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« Turangalîla-Symphonie », concert monumental!

La « Turangalîla-Symphonie » d’Olivier Messiaen compte parmi les œuvres majeures de la musique du XXe Siècle. Elle est certes connue des mélomanes, mais ses enregistrements ne sont pas si fréquents, pas plus que ses interprétations en direct. L’effectif qu’elle requiert l’explique principalement : quelques cent musiciens et tout un bataillon d’instruments de percussion. Le théâtre de Caen a offert ce privilège à son public, avec le concours de l’Orchestre national de France, conduit par Cristian Macelaru, et de deux solistes d’exception, Cynthia Millar et Cédric Tiberghien. 1 h 20 de musique totale. Époustouflant.

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Magdalena et les albums du père Cantor

Seconde épouse de Jean-Sébastien Bach, Anna Magdalena Wilcke vécut près de trente auprès de celui qu’elle appelait « la musique sur terre ». La musique justement ne cessa d’accompagner leur amour, à l’épreuve de morts d’enfants, de difficultés financières. Un spectacle intime imaginé par Agathe Mélinand évoque avec finesse le destin de cette femme exceptionnelle. Il se déroule comme on feuillette son Petit livre de musique que lui avait offert son Cantor de mari. Cette évocation par deux comédiennes, une claveciniste et un pianiste, a été chaleureusement accueillie dans les foyers du théâtre de Caen. Trois soirées à guichet fermé.

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Motets et Symphony anthems, l’entente cordiale

Sébastien Daucé n’a de cesse avec son ensemble Correspondances d’explorer le répertoire baroque par des sentiers inattendus. Son travail remarquable qui a donné « Le Concert Royal de la Nuit » en est l’exemple emblématique. Et plus récemment, l’étonnant « Combattimento ». Avec « Au service de Sa Majesté », il réunit un programme de pièces vocales anglaises influencées par la musique française. On connaît Purcell, mais beaucoup moins son professeur, Pelham Humphrey, météore surdouée, à la destinée d’une rock star…

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La proclamation de la République de Cromwell sonne le glas de la musique en Angleterre. Le puritanisme ambiant impose de faire taire les voix et les instruments. On connaît cela encore aujourd’hui sous des régimes obscurantistes. Sous Cromwell, cela ne durera qu’une décennie, pendant laquelle le roi Charles II est contraint à l’exil.

Notamment accueilli en France, chez son cousin Louis XIV, le roi anglais en retient le modèle de la Chapelle Royale. De retour à Londres, en 1660, le monarque  incite ses compositeurs à revoir leurs partitions. Succédant progressivement au style élisabéthain, un nouveau répertoire émerge. Il associe politique et religion.

Les grands motets de Pierre Robert ou de Henry du Mont, trouvent leurs symétries dans les « symphonies anthems » de Henry Cooke, inventeur du genre, de Pelham Humphrey ou de John Blow. Tous sont familiers de l’art musical français.

Humphrey présente le parcours le plus singulier. Adolescent prodige, mais doté, paraît-il, d’un caractère extravagant et capricieux, il est envoyé parfaire ses études à la cour de France. On est encore au Louvre _ la construction du château de Versailles vient de commencer _, le jeune musicien étudie auprès de Lully. De retour en Angleterre, il a comme élève Henry Purcell.

En dépit d’une mort prématurée, à l’âge de 27 ans, Humphrey marque durablement les générations à venir. Le programme retenu par Sébastien Daucé lui fait la part belle, en même temps qu’il s’inscrit dans une chronologie didactique. Deux motets de, respectivement Henry Du Mont et Pierre Robert, servent de référence.

Les œuvres qui suivent, signées de Pelham Humphrey, John Blow et, pour finir, Purcell témoignent de cette « entente cordiale » musicale entre motets, chantés en latin, et Symphony anthems, chantés en anglais. L’orchestre et le chœur de Correspondances font une interprétation saisissante de ces pages magnifiques.

La cohésion des voix fait preuve d’un bel esprit pupitres, accompagnés par un tout un florilège d’instruments à cordes. L’intervention d’un basson, de l’orgue et de deux hautbois inscrit un contrepoint pertinent. Du chœur sont issus quelques solistes. Ainsi de la ligne des basses, se distinguent, à tour de rôle, Tristan Hambleton, Adrien Fournaison, Thierry Cartier, ou encore, fidèle membre de Correspondances, Etienne Bazola.

Fidèle comme la mezzo-soprano Lucile Richardot, qui donne la réplique au jeune ténor Oscar Golden-Lee et, ouvre en deuxième partie de programme par une chanson de Pelham Humphrey. « Lord I have Sinned » fait partie d’un répertoire, lui aussi tiré de psaumes, mais destiné à une écoute en famille.

D’abord accompagné par les seuls théorbe et basse de violon, que rejoignent ensuite basse et dessus de viole, le chant de Lucile Richardot est somptueux de nuances et de clarté. Sans péché…

« My Heart is inditing » de Henry Purcell boucle ce programme. L’œuvre est introduite par un grand moment symphonique, avant que, lancé par la voix de Mathilde Ortscheidt, le chœur ne s’épanouisse pleinement. L’identité de Purcell est immédiatement perceptible.

Le compositeur n’a eu que peu de temps pour assimiler l’héritage d’Humphrey. Mais, il a trouvé son style. Et pour nous en convaincre, Sébastien Daucé choisit de bisser la fin de l’introduction symphonique et les premières pages du chant. De chœur français à chœur anglais, l’entente cordiale, on vous dit.

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Concert donné le samedi 7 janvier 2023, au théâtre de Caen.

 

 

 

Justin Taylor, le clavier bien tempéré

Evidemment, on ne pouvait prévoir que le récital de Justin Taylor coïnciderait avec la demi-finale du Mondial, France-Maroc ! On peut être mélomane et amateur de football. Difficile quand même de ne pas céder au plaisir d’entendre le jeune surdoué du clavecin dans un programme Rameau, ce soir-là dans les foyers du théâtre de Caen. Lui-même n’est pas insensible au ballon rond. Et de façon prémonitoire, il a inscrit dans ses bis une « Marseillaise » enjouée. Au même moment, à peu près, Randal Kolo Muani, à peine entré sur le terrain, marquait le deuxième but expédiant les Bleus en finale !…

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Un cornet qui ne laisse pas de glace!

À  un peu plus d’une semaine d’intervalle, le théâtre de Caen a fait résonner la musique vocale italienne, si riche d’inventivité et de séduction à la jointure des XVIe et XVIIe siècles. Il y a d’abord eu La Guilde des Mercenaires, conduite par le corniste et enfant du pays, Adrien Mabire, dans un programme intitulé « La Légende Noire », consacré au sulfureux Carlo Gesualdo. Puis, dans l’église Notre-Dame de la Gloriette, le Poème Harmonique de Vincent Dumestre, qui a interprété de magnifiques pages de Monterverdi à Allegri, regroupées sous le titre « Anamorfosi ».

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« Le Miroir de Jésus », la spiritualité de Caplet

André Caplet (1878-1925) fait partie de ces compositeurs représentatifs de l’essor de la musique française à la charnière du XIXe et du XXe siècle. Ce musicien doué, précocement reconnu par ses pairs, reste encore assez peu joué, y compris dans sa région natale _ il est originaire du Havre. L’Orchestre régional de Normandie comble cet oubli relatif avec le chef d’œuvre, quasi testamentaire, de Caplet, « Le Miroir de Jésus ». L’église Notre Dame de la Gloriette, à Caen, en a offert un cadre propre à une écoute instantanément captée.

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